ANALYSE DE LA QUALITE D'UNE COLLECTION DE DISQUES

Christian PILLET
 
Estimer la qualité d'une collection est une entreprise difficile et qui laisse souvent une large part à la subjectivité. La méthode qui est décrite ici a le mérite d'être simple et d'une mise en oeuvre rapide. Il suffit simplement de savoir faire des additions... Elle a été appliquée à la collection personnelle de disques 78 tours de l'auteur.
 
1 - INDICATEUR DE QUALITE
 
La qualité physique de chaque disque a fait l'objet d'une estimation visuelle, formalisée par un indice à trois niveaux :
Niveau 1 : Disque très usagé. Surface usée. Nombreuses rayures. Des éclats sur les bords. Certains disques sont fêlés mais néanmoins conservés en raison de leur rareté.
Niveau 2 : Disque en bon état général. Peu comporter quelques légers défauts qui altèrent sa valeur marchande.
Niveau 3 : Disque en très bon état. Peut être considéré comme neuf.
 
On notera que l'indice se rapporte à l'aspect physique du disque et non à sa qualité sonore. L'estimation de cette dernière est beaucoup trop subjective pour être quantifiée. Il n'y a pas nécessairement corrélation entre qualité physique et qualité sonore.
Pour un ensemble de disques donné, on appellera indicateur de qualité, la moyenne simple des indices de qualité de chaque disque. Cette méthode, rustique mais efficace, permet de comparer rapidement des groupes homogènes de disques, à la seule condition que les ensembles soient d'une taille suffisante pour que la moyenne ait un sens (Taille supérieure à 50 disques environ).
 
2 - PRINCIPAUX RESULTATS
 
La collection compte 1226 disques. L'indicateur moyen de qualité, pour l'ensemble des disques, est de 2,25.
Si on admet que le numéro d'ordre qui est donné à chaque disque, lors de son achat, est un bon indicateur de la date d'entrée du disque dans la collection, on peut mesurer l'évolution de la qualité dans le temps.
 
Numéro d'ordre
Indicateur moyen
de 1 à 499 2,12
de 500 à 999 2,26
1 000 et plus 2,39
 
On constate que la qualité de la collection s'améliore avec le temps. Les disques acquis le plus récemment sont de bien meilleure qualité. On peut penser que les premières acquisitions avaient pour but de constituer le fonds de la collection. Elles ont peut-être manqué du discernement qui préside maintenant aux nouvelles acquisitions.
Après avoir mesuré l'incidence, sur la qualité, de l'ancienneté du disque dans la collection, on peut s'interroger sur l'effet-qualité de l'âge du disque. En d'autres termes, un disque édité au début du siècle est-il en moins bon état qu'un disque pressé dans les années 50 ?.
 
Année de pressage
Indicateur moyen
Avant 1900 2,44
de 1900 à 1919 2,50
de 1920 à 1939 2,35
1940 et après 2,24
 
Si on excepte la période avant 1900, peu significative car le nombre de disques est faible, on constate que la qualité moyenne décroît avec l'âge du disque. Cette évolution est difficile à expliquer. Peut-être est-ce lié au statut du disque, devenu progressivement un bien de grande consommation, ceci allant de pair avec une certaine négligence dans les soins donnés à sa conservation.
On peut s'interroger également sur l'effet-qualité du type de musique enregistrée sur le disque.
 
Type de musique
Indicateur moyen
Jazz 2,16
Variétés 2,27
Opéra 2,30
Classique 2,54
 
Pour interpréter ces résultats il conviendrait de faire une analyse poussée du comportement des amateurs de ces types de musique. On se contentera ici de constater le très fort écart de qualité entre le disque de Jazz et le disque de musique classique. Peut-on en déduire que les amateurs de Jazz sont mois soigneux que les amateurs de musique classique ?. La réponse n'est pas évidente.
Il semble, en fait, que le disque de Jazz ait été écouté beaucoup plus souvent que le disque classique, ce qui induit des manipulations plus fréquentes, une usure plus intense, donc un risque plus grand de détérioration.
On pourrait également expliquer cet écart par le fait que, dans cette collection, on a largement privilégié le disque de Jazz, et qu'on a souvent acheté un disque pour son titre ou son interprète, sans trop se soucier de la qualité du disque lui-même.
A l'appui de cette thèse on notera l'affection particulière de l'auteur pour Django Reinhardt, ce qui s'est évidemment traduit par des achats privilégiant l'interprète, souvent au détriment de la qualité. L'indicateur est, dans ce cas, de 1,81.
Pour terminer, on a cherché à savoir si la marque du disque, ou plus précisément son label, avait une incidence sur la qualité. On obtient les résultats suivants :
 
Label
Indicateur moyen
Columbia 2,33
Gramophone 2,31
Pathé 2,11
Odéon 2,21
Autres labels 2,23
 
Les labels sont classés par ordre d'importance décroissant (Nombre de disques). Les résultats sont, là encore, difficiles à analyser, ce qui montre les limites de la méthode. La faible qualité relative des disques Pathé peut s'expliquer par la présence, dans la collection, de nombreux "Pathé-saphir" d'assez mauvais aspect, ce qui a pour effet de faire baisser la moyenne.
On aurait pu penser que la présence plus ou moins forte des disques de Jazz et de variétés pouvait influencer l'indicateur. Il n'en est rien. Leur part est la même chez Colombia et chez Pathé (81%) alors que leurs indicateurs de qualité se situent aux extrèmes.
Citons, en guise de conclusion, un dernier exemple d'"effet-sympathie". Les disques enregistrés sous le label "Swing", particulièrement prisés par l'auteur, ont un indicateur de qualité de 2,11.
Le coeur a ses raisons....
 
Christian PILLET